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samedi 19 octobre 2024 à 15h

Mayotte, Comores: une histoire coloniale - [Rencontre] Rémi Carayol & Riwadi Saïdi

L'association Survie Nord vous propose une rencontre autour de Mayotte et des Comores :

Mayotte, Comores: une histoire coloniale

Processus d'indépendance bafoué au nom des intérêts françafricains, l'histoire de l'archipel de l'Océan Indien montre comment l'État français, dans sa logique de vouloir conserver son influence aux Comores, déstabilise le territoire.

Mayotte, un laboratoire en matière de répression et de maintien de la puissance coloniale que la France tente de conserver sous son autorité, à l'instar de la Kanaky-Nouvelle Calédonie. Cette autorité date de l'époque coloniale et elle persiste encore aujourd'hui !

Pour échanger sur l'histoire et l'actualité de l'archipel, nous invitons :

· Rémi Carayol, journaliste, auteur de "Mayotte. Département colonie" (La Fabrique, 2024).
· Riwadi Saïdi, spécialiste des Comores, membre de l'association Survie

🗓️ Samedi 19 Octobre 2024

15 heures

📍 Café les Sarrazins

52,54 rue des Sarrazins - 59000 Lille Ici


Présentation du livre de Rémi Carayol par les éditions La Fabrique (https://lafabrique.fr/mayotte/):

Il y a cinquante ans, la population de l'archipel des Comores était invitée à se prononcer sur le statut de son territoire. Si trois des quatre îles votèrent massivement pour l'indépendance, Mayotte (Maore), où un courant sécessionniste animé par l'élite créole exerçait un puissant lobbying, vota contre, tandis qu'à Paris l'armée et le « parti colonial » encore très puissant ne voulaient pas perdre cette position stratégique dans l'océan Indien. La France accorda donc l'indépendance aux Comores mais conserva Mayotte, devenue en 2011 le 101e département français à l'issue d'un processus unique de « colonisation consentie ».
Tout renvoie à la colonie sur cette île : les ghettos de Blancs, la hiérarchisation raciale au travail comme dans la vie quotidienne, la dépendance économique envers la « métropole », les défaillances des infrastructures mises en lumière par les récentes pénuries d'eau… Entre des Mahorais reniant leur passé pour être « français à tout prix », dont la dérive vers l'extrême droite semble sans fin, des « métros » qui se comportent en terrain conquis et cultivent l'entre-soi, et des Comoriens devenus « étrangers » par l'effet d'une politique d'État délibérée, la violence à Mayotte est le résultat d'un double processus de dislocation et de colonisation. Ce livre raconte les principaux épisodes de cette histoire et dresse un portrait sans concession de « Mayotte française » et du présent colonial qui continue de l'animer.

Contexte (https://survie.org/pays/comores/):

· Comores
En 1975, la France organise un référendum d'indépendance île par île et non pour l'ensemble de l'Archipel comme l'exige le droit international. Terrorisant les électeurs et truquant les résultats, elle arrache illégalement Mayotte aux Comores, acte condamné depuis par une vingtaine de résolutions de l'ONU. Les Comores deviennent alors une base pour les trafics les plus troubles du gratin françafricain : armes, mercenariat, affairisme avec le régime d'apartheid sous embargo… Deux hommes ont accompagné les putschistes successifs, au nom des intérêts françafricains. Le premier est le mercenaire Bob Denard qui a fait et défait les pouvoirs locaux durant la première phase de sabotage politique, de 1975 à 1995, menant même en personne un assaut meurtrier contre le président Abdallah en 1989. Le second est Jean- Yves Ollivier, qui a entre autres servi de relais dans un vaste trafic d'armes… En 1997, alors que Bob Denard est écarté des Comores, les îles d'Anjouan puis de Mohéli se déclarent indépendantes, poussées par un lobby français visant à poursuivre le sabotage politique : cette multiplication des conflits internes, proches parfois de la guerre civile, accable un peu plus la population (dont un des protagonistes, le colonel séparatiste Bacar, dictateur sur Anjouan, sera soustrait à la justice comorienne par Nicolas Sarkozy en 2008). Le colonel Azali, formé en France, prend le pouvoir en 1999 et entérine la logique séparatiste dans la Constitution de 2002, contre la solution de maintien de la fédération qu'avait trouvée l'Organisation de l'Unité Africaine : chaque île aura son propre président, dans un bric-à-brac électoral permanent trop coûteux pour les Comores. La première élection présidentielle libre a lieu en 2006, et le religieux Ahmed Abdallah Sambi l'emporte, et corrige en partie la Constitution. Il est suivi du président Ikililou Dhoinine. Mais en 2016, c'est le retour du colonel Azali au pouvoir. En 2019, il se fait réélire dans des élections anticipées contestées et réprimées. La diaspora comorienne de France se mobilise pour dénoncer cette mascarade électorale, pourtant, le dictateur est reçu en grandes pompes à l'Élysée quelques mois après son élection truquée. Entre les deux présidents, aucun dialogue n'est engagé autour de la souveraineté de l'île de Mayotte mais une aide financière de la France est versée aux Comores pour lutter contre « l'immigration clandestine ». En effet, depuis 1995, le visa Balladur impose aux Comorien-ne-s d'obtenir un visa de la France pour se rendre sur Mayotte, ce qui place par conséquent les Comorien-ne-s dans une situation d'illégalité chez eux à Mayotte s'ils n'ont pas ce visa.

· Mayotte
En 1974, les Comores (archipel de l'océan Indien composé de 4 îles), alors colonie française, se prononcent pour leur indépendance. À l'issue du référendum, la France procède à un comptage des voix par île et non sur l'ensemble du pays, comme le prévoit pourtant le droit international. Cela lui permet de garder l'île de Mayotte au sein de ses territoires d'outre-mer pendant que le reste des Comores devient indépendant. En 1995, la France impose aux Comorien-ne-s un visa pour se rendre à Mayotte, le « visa Balladur ». Quasiment inaccessible pour les Comorien-ne-s, il les pousse à traverser le bras de mer qui sépare Mayotte du reste des Comores à bord de bateaux de fortune provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes dans l'Océan indien. Ce visa crée une distinction entre les Comoriens d'un côté et les Mahorais de l'autre pourtant issus d'un même peuple partageant culture, religion et langue. Elle se cristallise en 2011 lorsque Mayotte, après avoir connu de nombreux statuts de collectivité d'outre-mer, devient un département français ; permettant ainsi à la France de pérenniser sa position dans la zone, stratégique pour le contrôle du canal de Mozambique.

Les intervenant.e.s:

Source : https://www.facebook.com/events/8806729903189…
Source : message reçu le 29 septembre 17h