thème : émancipation
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samedi 27 novembre 2021 à 14h

Manifestation et rassemblement contre les violences sexistes et sexuelles

Manifestation et rassemblement contre les violences sexistes et sexuelles

Depuis le début de l'année 2021, on comptabilise plus de 90 féminicides1 sur le seul territoire français. Parmi les victimes de ces féminicides, au moins 70 personnes ont été tué.x.es chez elleux. Une personne sur 5 avait déjà porté plainte. En moyenne, chaque jour, ce sont 67 de nos adelphes2 qui sont violé.es et, selon les estimations, dans maximum 20% des cas une plainte sera déposée/prise. Parmi celles-ci, 7% seulement entraîneront une condamnation. On estime aussi que 10% de la population est victime d'inceste et, comme le tabou autour de cette question empêche les victimes de parler et d'être écoutées, les plaintes sont dans la plupart des cas classées sans suite à cause du délai de prescription.

Nous descendrons dans les rues de Lille ce 27 novembre pour dire stop : stop aux violences sexistes et sexuelles et à leur impunité juridique et sociale !

Les violences sexistes et sexuelles regroupent les comportements et/ou des propos (oraux ou écrits) discriminatoires à caractère sexiste ou sexuel. Ces violences touchent en majorité les personnes sexisées3 et vont du comportement sexiste jusqu'au viol ou meurtre. Ces violences sont partout, des plus symboliques aux violences sexuelles et conjugales, des agressions et du harcèlement aux errances de diagnostics médicaux (comme dans le cas des neuroatypies), encore pensés dans un cadre cis 4-masculin,en passant par les injures. Ces violences sont banalisées, niées, cachées, silenciées. Elles sont rendues tristement banales par la culture du viol et par les fondements sexistes, racistes, LGBTQIA5-phobes et validistes6 de notre société.

En ce mois de novembre, durant lequel la mémoire de nos adelphes trans mort.x.es est au cœur de nos préoccupations, nous voulons rappeler l'importance que nous devons accorder à l'intersectionnalité dans nos luttes. Assurer la protection des droits des personnes les plus précarisé.x.es et des minorités, c'est assurer notre sécurité à tousxtes. Les personnes racisées, transgenres, handicapées, précaires, sans-papiers et les travailleureuses du sexe sont surreprésentées parmi les victimes de violences sexistes et sexuelles. 98% des personnes transgenres tuées en 2020 étaient des femmes trans ou des personnes transféminines7. Au moins 62% des victimes étaient des travailleureuses du sexe et 50% d'entre elleux étaient migrant.x.es. Les personnes lesbiennes et bisexuelles sont également sur-représentées parmi les victimes de violences sexuelles, du fait de la fétichisation de leur orientation sexuelle, du sexisme, de la lesbophobie8 et de la biphobie8

Il est également important de ne pas oublier dans ces violences les personnes intersexes9 victimes de mutilations génitales dans 96% des cas, alors même que ces pratiques sont condamnées depuis 2016 par l'ONU.

Les violences subies par les femmes, par les minorités de genre et par les populations précaires et minoritaires ont des racines communes et qui s'entremêlent. Nous appelons aujourd'hui à la solidarité, à l'action et à une convergence des luttes entre adelphes contre ces violences.

Nous sommes les personnes que le gouvernement et sa « grande cause du quinquennat » ont échoué à protéger.

• Le Haut Conseil à l'égalité estime que 20 000 places en hébergement d'urgence seraient le minimum nécessaire pour protéger les personnes sexisées victimes de violences conjugales, le nombre de places ne s'élèvera qu'à 7 800 à la fin de l'année 2021.
• Les mesures proposées lors du Grenelle sur les violences conjugales en 2019 (déjà existantes pour certaines) peinent à être mise en place, faute de moyens suffisants. Sur le milliard d'euros préconisé pour lutter efficacement, seuls 282 millions ont été débloqués, empêchant la réalisation de mesures pourtant promises par le gouvernement telles que la mise en place d'un fichier des auteurs de violences conjugales ou de postes supplémentaires d'intervenants sociaux dans les commissariats et les brigades.

• La « déconjugalisation » de l'Allocation Adulte Handicapé.x.e (AAH) n'est, à ce jour, pas encore assurée, exposant d'avantage les personnes handicapées aux violences et les condamnant à la dépendance financière envers leur conjoint.x.e.
• L'accueil déplorable réservé aux victimes de viol dans les commissariat, qui décourage beaucoup d'entre elleux, mêlé à l'impunité du viol dans notre système judiciaire font qu'aujourd'hui seul 1% des violeurs sont condamnés en France.

• La ratification d'une convention de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), en juin 2021, contre les violences et le harcèlement dans le monde du travail ne changera que peu la situation des personnes sexisées agressées ou harcelées sexuellement tant que des moyens humains et financiers conséquents ne sont pas débloqués et qu'une large campagne de sensibilisation n'est pas menée.

• La loi d'avril 2016 visant à lutter « contre le système prostitutionnel », en punissant les clients des travailleureuses du sexe et les proxénètes n'a fait que renforcer la précarité des travailleureuses du sexe, proposant une faible allocation de 330 euros par mois (bien en deçà du seuil de pauvreté) contre l'arrêt total du travail du sexe.

Dans ce climat d'impunité et de non-protection des victimes de violences sexistes et sexuelles, les personnes sexisées subissent une double peine : celle d'être condamné.x.es si iels se défendent et répondent à leur(s) agresseur(s). Nous pensons à Jennifer, une femme transgenre et travailleuse du sexe incarcérée pour avoir poignardé son violeur, à Valéry Bacot, condamnée par la justice pour avoir assassiné l'homme qui l'a violée, incestée et forcée à se prostituer durant des années. Dans ce système où les victimes qui osent confronter et se défendre de leur(s) agresseur(s) sont condamnées plus lourdement que les agresseurs eux-mêmes, nous devons nous montrer solidaires et agir.

Rejoignons-nous le samedi 27 novembre pour faire entendre nos voix et manifester contre les violences sexistes et sexuelles, contre ce système juridique inefficace, contre la culture du viol, contre les discriminations sexistes, racistes, validistes et envers les communautés LGBTQIA+ et pour nos adelphes victimes d'agressions ou disparu.x.es. Il est grand temps que l'impunité, les discriminations et les violences cessent !

1 Féminicide : meurtre d'une personne sexisée3, en raison de son genre
2 Adelphe : terme neutre pour désigner un•e frère/sœur
3 Personne sexisée : personne qui subit du sexisme, généralement une femme ou une personne perçue comme femme
4 Personnes cis / cisgenres : par opposition aux personne trans / transgenres, terme qui définit les personnes pour lesquelles le genre assigné à la naissance correspond avec le genre vécu et ressenti

5 LGBTQIA+ : Lesbiennes Gays Bisexuel•les Trans Queer Intersexes9 Asexuel•les, le + permet d'inclure d'autres identités de genre ou orientations sexuelles et/ou romantiques telles que la non- binarité, le genre fluide, la pansexualité, etc
6 Validisme : oppression et forme de discrimination vécues par les personnes en situation de handicap physique ou mental, le validisme définit les personnes valides ou ne vivant pas en situation de handicap comme étant la norme

7 Personne transféminine : personne assignée homme à la naissance s'identifiant sur le spectre de la féminité
8 Lesbophobie et biphobie : termes désignant les discriminations, l'oppression, le mépris et la haine subis spécifiquement et respectivement par les personnes lesbiennes et bisexuelles

9 Personne intersexe : personne dont les caractères sexuels biologiques ne correspondent pas aux « normes » binaires masculines ou féminines

Source : message reçu le 25 novembre 17h