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samedi 10 novembre 2012 à 13h

Atelier de désintoxication de la langue de bois

animé par Le Pavé et PHARE pour l'Égalité

L'atelier de désintoxication interroge la langue du management et l'influence de la logique d'entreprise marchande dans tous les secteurs de la société (public, privé à but lucratif et privé à but non lucratif (économie sociale et solidaire). Cette fois-ci il se déroule sur trois heures, une journée est souvent un minimum. L'idée est de se rappeler que nous ne sommes pas dupes face aux communiquants et autres faiseurs d'opinion chargés de changer les rapports de force existant dans notre société en s'appuyant sur des nouveaux rapports de sens et en rendant plus opaque la compréhension du monde et des « réformes » par des techniques de déstabilisation du langage.

Dans l'atelier, nous refaisons le point ensemble sur les différents procédés langagiers et effets de style utilisés par la langue de bois : euphémismes, oxymores, sigles, anglicismes, etc. et la façon dont ils modifient notre perception de la réalité, et notre façon d'agir, sans que nous nous en rendions toujours compte immédiatement. Nous regardons comment des mots qui nous servaient à dire ce que l'on vivait ou ce que l'on voyait son remplacés par d'autres : que se passe-t-il dans nos têtes quand on appelle un ouvrier : « un opérateur », une caissière : une « hôtesse de caisse », les classes populaires précaires : « les exclus », les classes populaires stables : « les classes moyennes », un pauvre : un « assisté », un allocataire de droit sociaux : un « bénéficiaires de minima sociaux », un privé d'emploi : un « chômeur » ou un « inactif », un contremaître : un « coach », un chef du personnel : un « directeur des ressources humaines », un licenciement collectif : un « plan de sauvegarde de l'emploi », des attaques contre les services publics et l'Etat social : des « réformes des politiques publiques », l'égalité : « l'égalité des chances », la précarité : « la flexisécurité », un-e musulman-ne : « un-e intégriste », des féministes : « des hystériques », des travailleur-es en lutte pour leurs droits : des « preneurs d'otage », des travailleurs-euses privé-es de titre de séjour : des « clandestins », le libéralisme austéritaire : « la modernité », etc. Pierre Bourdieu rappelait que le langage n'est jamais neutre, il est un enjeu de lutte qui sert aussi à s'imposer dans des rapports de force et à imposer discrètement une pédagogie du renoncement.

Après quelques apports théoriques pour comprendre les enjeux du langage inscrit dans des rapports de savoir et pouvoir, des origines historiques de la diffusion de ces mots enseignés jadis dans les écoles de commerces, etc., nous proposons une série d'exercices à répéter chez soi, dans le métro, en réunion d'équipe (appeler un chat un chat, rédiger une demande de non-subvention, pour un non-projet, faire le conférencier, analyser un article de presse, analyser un document associatif, un appel d'offre ou un appel à projet, etc.).

Nous échangerons ensemble les mots et concepts oubliés ou non-autorisés, « politiquement incorrect », qui servaient pourtant à décrire ce que nous vivons mais qui n'ont plus le droit d'être utilisés sous peine d'être taxé d'archaïsme poussiéreux. Nous chercherons certains mots qui sont autant d'outils pour ne plus être dépossédés de ce que l'on vit et de ce que l'on pense. Nous verrons comment nous résistons au « management » et à ces nouveaux mots aliénants qui essaient, sans toujours y parvenir, de nous déposséder de notre pensée critique.

Il en ressort une jubilation et un effet de libération joyeux. Nous ne sommes pas « dingues » quand nous trouvons que de monter des "projets" du matin au soir dans une logique gestionnaire et technique a peu à voir avec l'éducation populaire, le service public, le soutien aux privé-es d'emploi ou des déserteur-es du travail précaire et sous-payé, etc. Nous ne sommes pas « incompétents intellectuellement » et « dépassés » quand nous trouvons que la « modernité » de certain-es signifie changement de société et recul de l'égalité, de la démocratie et de la justice sociale. Encore faut-il pouvoir se le dire ensemble. Nous proposons un petit espace de respiration pour celles et ceux qui en ont besoin.

Tarif : Entrée libre sur réservation. Réservations auprès de William Tournier(CRC) - 06.09.11.20.95

Invité par le Centre de Ressources Critiques dans le cadre de la semaine de formation et d'éducation populaire organisée par P.H.A.R.E. pour l'Égalité, le Pavé, Ch'faid du 02 au 10 nov. 2012.

Source : message reçu le 26 octobre 14h