jeudi 21 novembre 2013 à 17h
POUR UNE ÉTHIQUE DU SOIN
- A notamment publié :
- Le soin maternel (PUF)
Pierre Delion, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de Lille 2, chef du service de pédopsychiatrie au CHRU de Lille
- A notamment publié :
- La consultation avec l'enfant. Approche psychopathologique du bébé à l'adolescent (Masson)
- Séminaire sur l'autisme et la psychose infantile (Érès)
- Le corps retrouvé. Franchir le tabou du corps en psychiatrie (Hermann)
Modération: Jean-François Rey, professeur honoraire de philosophie à l'Université d'Artois/IUFM de Lille
Un champ de recherche s'est ouvert en France à la suite de l'introduction très controversée de la notion de CARE, dont « sollicitude », en Français, serait la traduction la plus rapprochée, sinon la plus claire. Il se déroule là un cortège de questions, d'objections et d'ambiguïtés. On a pu ainsi reprocher à ces tentatives de négliger les questions d'égalité et de justice, voire de réintroduire subrepticement la charité ou de conforter une version « genrée » tentant de justifier la féminisation des professions du soin par une essentialisation du féminin renforcée par l'étayage du médical sur le maternel. L'ouvrage, bref mais éclairant, de Frédérique Bisiaux (Le soin maternel) entend répondre à ces critiques et objections. Ni essentialiste, ni relativiste, la pratique du soin maternelle est une réalité sociale, morale et relationnelle qui ne relève pas principalement de la psychologie différentielle. Relisant au contraire les analyses fondatrices de Winnicott sur la « préoccupation maternelle primaire », Frédérique Bisiaux, comme Pierre Delion, chacun dans leur domaine professionnel propre, restituent à la pratique du soin un sol à la fois psychique et moral où la philosophie se décidera peut-être enfin à prendre en compte cette « expérience naturelle ». Pour sa part, Pierre Delion, acteur incontournable de la pédopsychiatrie française, aujourd'hui attaquée de toute part, connait de l'intérieur les orientations politiques présentes : il semble que, quelle que soit la majorité présidentielle, une politique de soin préoccupante se mette en place, ne serait-ce qu'à entendre les formules par lesquelles elle rejette ou dénie des pans entiers de la souffrance psychique des enfants.